C’était mieux maintenant
C’était mieux avant.
C’est une expression qu’on entend tellement souvent. La recherche de sens, renforcée par 2 ans de Covid, n’a fait qu’accentuer ce sentiment.
Partages-tu cette impression ? Crois-tu que la vie était mieux quand elle semblait plus simple ?
Pour ma part, j’ai un sentiment très partagé à ce sujet. J’aime le confort et facilité que m’offre le post-modernisme. Toutefois, je ne peux m’empêcher de souhaiter replonger dans une mode de vie plus analogique de temps à autre.
L’avancée des technologies des 2 dernières décennies a apporté une vraie simplification. L’accès direct à l’information, la numérisation des données et des processus ou encore la connexion des appareils entre eux, sont des facteurs à prendre en compte dans cette réflexion.
Je suis d’ailleurs le premier à utiliser quotidiennement de tous ces services. J’écoute ma musique sur Qobuz, je regarde les films sur Netflix, je commande sur Amazon et j’allume toutes mes lumières en même temps, en disant simplement “Alexa”.
Tout cet apport nous a fait gagner tant en confort de vie qu’en productivité. Mes journées sont moins longues. Les distances sont réduites. Le temps est extensible à l’infini, ou presque.
Je peux travailler où je veux, quand je veux. L’intelligence artificielle fait même désormais une partie de mon travail.
Pourquoi donc regarder en arrière ?
Le problème quand tout est parfait c’est que rien n’est imparfait.
Le digital a créé un monde lisse. La musique qu’on écoute est irréprochable et les vidéos qu’on regarde sur nos écrans OLED sont en 8k.
Tout doit toujours être mieux, plus beau, plus grand. On en devient de fait intolérant à la moindre imperfection.
Comment un youtubeur oserait-il créer une chaine en 2023 sans la meilleure qualité d’image, de son et de scénario ?
Cet environnement me donne l’impression que le monde est parfait alors que moi je ne le suis pas.
C’est peut-être cela que je fuis quand je me replonge dans le passé.
J’aime écouter de la musique sur vinyle. Le son est meilleur, mais ce n’est pas la seule raison. J’aime sortir le vinyle délicatement de sa pochette, le poser sur le tourne-disque, enlever la poussière et déposer, tout en douceur, la tête de lecture sur la galette.
J’aime prendre le temps de cadrer ma photo avant de déclencher. Chaque clic me coute quelques centimètres de pellicule. J’aime ne pas voir le résultat tout de suite et devoir me contenter du rendu organique que le développement révèlera.
J’aime jouer à un jeu vidéo rétro sur son matériel d’origine. Cela ne nécessite aucune mise à jour. Il faut accepter les bugs jamais corrigés comme faisant partie de l’œuvre.
Ce monde-là est rempli d’imperfections. Il me rassure. Il me fait du bien.
Pourtant, je ne céderai pas à la tentation de dire “c’était mieux avant”.
Avant je n’avais pas ce que j’ai maintenant. Cependant maintenant, j’ai accès à ce que j’avais avant.
C’est avec intentionnalité que je veux cloisonner mon temps. Je serai productif et efficace quand cela est nécessaire, et je ralentirai chaque fois que la vie se montrera un peu trop oppressante.